Le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte CNRD au pouvoir en Guinée, a pris un décret pour dissoudre le Bataillon de la sécurité présidentielle (BSP), considéré comme la garde personnelle des chefs d’État. Cette unité d’élite de l’armée guinéenne avait été créée au milieu des années 80 par le général Lansana Conté, successeur d’Ahmed Sékou Touré, premier président de la Guinée indépendante. Le BSP avait bénéficié de faveurs du pouvoir, notamment en termes d’équipement, de formation et de solde, au détriment du reste de l’armée guinéenne. La dissolution du BSP s’inscrit dans une restructuration de la hiérarchie militaire entreprise par le président putschiste Mamadi Doumbouya pour sécuriser son pouvoir.
Le BSP avait affronté les forces spéciales du colonel Mamadi Doumbouya lors du putsch qui l’a porté au sommet de l’État le 5 septembre 2021. Depuis, certains de ses éléments étaient cantonnés au camp militaire Makambo, situé à quelques rues du palais présidentiel. La dissolution du BSP intervient quatre jours après le limogeage du lieutenant-colonel Ismael Keïta, directeur du renseignement militaire, renvoyé pour faute lourde sans précision. Ces changements montrent la volonté du président putschiste de s’assurer la loyauté de l’armée, d’autant plus qu’il est arrivé dans l’armée en tant qu’instructeur et qu’il a été nommé à la tête du Groupement des forces spéciales (GFS).
Selon Kabinet Fofana, directeur de l’Association guinéenne de Sciences politiques, le parachutage du colonel Doumbouya à de hautes fonctions militaires l’empêche d’avoir le soutien total des troupes, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’unité de la junte CNRD dans un pays habitué aux coups d’État militaires. La dissolution du BSP et le limogeage du directeur du renseignement militaire montrent que le président putschiste cherche à consolider son pouvoir en éliminant les éléments potentiellement hostiles à son régime.
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