Francis NGANNOU a connu une enfance compliquée. Tout jeune, il rêve de devenir architecte. Mais à la suite du divorce de ses parents, il est contraint de travailler dans une mine de la localité de Batié dans des conditions extrêmement compliquées pour gagner sa vie. A 22 ans, il émigre à Douala avec pour rêve de faire de la boxe anglaise dont il est fan, et particulièrement de Mike Tyson. Sauf qu’à Douala, sa condition ne changera pas. Francis N’gannou va décharger les containers pendant quatre ans pour gagner sa pitance. Il s’entraine dans des conditions rudimentaires, et ne peut pas faire de la compétition, faute de structures et d’organisation.
A l’âge de 26 ans, Francis N’gannou émigre en France en 2013, dans l’indifférence totale, parce que personne ne le connait, à part sa famille.
Sa vie aurait pu basculer dans n’importe quel sens, que ç’aurait été normal.
Seul et sans argent, il vit comme un sans-abri dans les rues de Paris. Il est alors repéré par une association humanitaire nommée La Chorba qui le recueille. Pendant qu’il donne un coup de main pour la distribution des repas aux plus démunis, il découvre salle d’arts martiaux MMA Factory où il va pouvoir s’entraîner. Tout de suite, Francis NGANNOU impressionne par son physique et Fernand LOPEZ accepte de lui ouvrir les portes de sa salle gratuitement.
Novembre 2013, Francis NGANNOU participe à un tournoi des plus de 93 kg, organisé par la promotion française 100% Fight. Lors du premier tour, il s’impose dès le premier round. Il fait ses débuts dans la plus importante organisation mondiale d’arts martiaux mixtes, l’UFC le 19 décembre 2015. Francis N’gannou envoie son adversaire, Luis Henrique au tapis dans la seconde reprise avec un uppercut du gauche. Après 16 victoires, Francis NGANNOU est devenu hier soir le champion de la catégorie poids lourds en battant l’Américain Stipe MIOCIC par KO lors du deuxième round.
Au bord des larmes, il est revenu sur le chemin parcouru : ‘Je trouve difficilement les mots, je m’étais fait cette promesse de gagner. Accomplir cela, alors que personne ne pensait que je pouvais le faire est un sentiment si puissant. Donner tort à ceux qui doutaient de moi me donne une immense satisfaction’, a-t-il commenté après coup.
En effet, pour un self-made man, c’est immense. Partir de si loin, grandir dans l’indigence, pour aller chercher les meilleurs au sommet et s’affirmer comme l’ultime champion dans son domaine, au-delà du sport est un signe pour la jeunesse africaine qu’en dépit de tout, le rêve est toujours possible. Il n’a pas eu l’encadrement familial qui pouvait le prédisposer à la réussite.
Il n’a connu ni coach personnel, ni bourse d’étude. Comme de l’herbe sauvage, il s’est forgé dans la nature. Mais avec opiniâtreté, un mental d’acier, Francis NGANNOU a évité tous les obstacles, bravé les préjugés, fait taire les sceptiques, et démonté ses adversaires un à un, au propre et au figuré pour devenir l’ultime champion.
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