Cameroun : un homme d’affaires indien soupçonné de traite des êtres humains

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Révolté que le journal ait couvert des allégations d’agressions et d’autres abus de la part de ses compatriotes et anciens employés, le milliardaire Avinash Hingoramni, promoteur des sociétés « Rêve Voyages » et « Sammys Créations » traduit en justice l’économie et les finances du journal. A travers une procédure riche en curiosités.

Emile Fidieck a failli être emprisonné la semaine dernière. Issu de la Légion de gendarmerie du Centre, où une enquête à son encontre était déjà ouverte depuis plusieurs jours, le directeur de publication (DP) du trihebdomadaire Eco-Matin a été déféré au parquet ce jeudi 12 août 2021. . bureau près du Tribunal de Première Instance (TPI) de Yaoundé – Centre Administratif. Après une journée de détention dans les locaux du parquet, l’éditeur a été libéré tard dans la soirée après avoir versé une caution de 500 mille francs. Son cas a été mentionné le lendemain lors de l’audience de crime flagrant du tribunal. Il comparaîtra à nouveau devant le tribunal le mardi 17 août 2021, en principe avant l’ouverture de la procédure.

En effet, le DP fait l’objet d’une plainte pour faits allégués de « diffamation ». Une plainte déposée il y a quelques semaines par l’homme d’affaires de nationalité indienne, M. Avinash Hingoramni, patron de l’agence de voyages « Rêve Voyages » et de la société de vêtements « Sammys Créations », sociétés qui ont des filiales dans de nombreux autres pays africains (Gabon, Congo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso). M. Fdieck est inculpé en compagnie de M. Raj Gopal Talreja, également de nationalité indienne, qui représente les sociétés de M. Avinash Hingoramni au Cameroun depuis 2011. Plusieurs mois en froid avec qui est désormais son ancien patron, M. Raj Gopal Talreja est pratiquement devenu une gifle au milliardaire Avinash Hingoramni. L’amertume que lui a jurée son ancien patron s’étend sur la personne du DP d’Eco-Matin, la faute à ce dernier d’avoir rendu publiques via Eco-Matin des informations qui ne plaisent sans doute pas au milliardaire indien.

Traite des êtres humains…

Les informations en cause portent sur de nombreuses dénonciations écrites (dont Kalara a pu recevoir des copies) faites par d’anciens employés de M. Avinash Hingoramni aux agents consulaires de la République de l’Inde au Cameroun. Ces derniers, tous arrivés au Cameroun grâce aux bons soins du milliardaire à les employer dans ses entreprises, l’accusent de les maltraiter physiquement et moralement, notamment la retenue illégale de tout ou partie de leurs salaires, la confiscation des téléphones et passeports. de certains (les coupant de leurs familles respectives), extorquant leurs signatures, les affamant ou encore les obligeant à dormir dans des conditions désagréables… Dans l’édition publiée le 7 juillet 2021 Eco-Matin y avait consacré une enquête en pleine page. Et le sujet avait été favorisé par le titre de la « première page » : « Trafic des êtres humains : enquêter sur l’exploitation des Indiens au Cameroun ».

Mais le journal de M. Fdieck ne se contente pas de publier des plaintes d’anciens salariés qui se disent déçus par le milliardaire, information qui a également été vérifiée notamment auprès des autorités consulaires indiennes. Il annonce une nouvelle enquête sur des relations frauduleuses entre le fisc et les sociétés de M. Avinash Hingoramni au Cameroun, sans oublier la légalité jugée douteuse des contrats de travail des salariés étrangers de « Rêve Voyage » et « Sammys Créations ». Il précise que le patron de « Rêve Voyage » entretient des relations privilégiées avec certains agents des forces de l’ordre camerounais. Que ce dernier n’était pas d’accord avec les tentatives du journal de vérifier auprès de lui et aurait même sombré dans des manœuvres de chantage et d’intimidation (notamment une demande au CNC). Des accusations qui pourraient être liées à la procédure judiciaire relativement expéditive contre le DP.

Selon des sources proches des milieux judiciaires, le procès contre le patron d’Eco-Matin s’est déroulé selon une procédure qui ne manque pas de curiosités. Le 23 février 2021 à 13 heures, l’intéressé aurait reçu une convocation de la gendarmerie de la veille et alors que l’heure de l’entretien avec le détective (9 heures) était déjà passée. Ce document portait également la mention « convocation n° 2 ». M. Fdieck ne s’est donc pas conformé à la convocation précitée. Les gendarmes se présenteront pour la deuxième fois au bureau de la DP mercredi 11 août avec un « mandat » précisant qu’il a été « entendu, identifié, confronté à la partie adverse et référé au parquet », a indiqué une source de Kalara. Sauf qu’après interrogatoire et confrontation, le détective décidera de le placer en garde à vue. M. Fdieck ne sera libéré qu’après l’arrivée du chef de l’unité. Il décide du report du patron d’Eco-Matin.

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Enfin, il est reçu au parquet le jeudi suivant et ne sort que tard dans la nuit (après validation par le procureur général près la cour d’appel des dossiers renvoyés), peu après 22 heures, après versement d’un acompte de 500 mille francs. Cela l’empêche d’être poursuivi dans la peau d’un détenu. Il a été renvoyé en jugement le lendemain, à l’audience des violations flagrantes du TPI du chef-lieu de Yaoundé. Probablement un moyen de clore son affaire rapidement…

Une telle option de poursuite intriguera certainement les proches du DP car elle est sans précédent pour un crime prétendument commis par voie de presse. En effet, la loi de 1990 sur la liberté de communication sociale prévoit, en son article 81, que « le suspect qui souhaite prouver des faits diffamatoires dispose de 5 jours après la convocation pour informer le procureur ou le plaignant du lieu de résidence choisi, selon le cas peut être : (1) les faits qualifiés dans la citation et dont il souhaite prouver la véracité ; (2) copie des pièces à conviction ; (3) les noms, professions et résidence de ses témoins », etc. ; en raison de la flagrante procédure délit choisie pour faire juger le DP d’Eco-Matin, ce dernier n’a jamais reçu de convocation. pour obtenir une réponse.

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